La réussite des politiques territoriales passe par une maîtrise de l’information dans les collectivités locales. C’est la conviction d’Aliou Kandj, directeur des systèmes d’Information et de l’Observatoire national des territoires (Ont) qui a promis, dans cet entretien, que la structure qu’il dirige va accompagner le Sénégal dans la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent et de l’Acte 3 de la décentralisation.
Quels sont les missions de l'Observatoire national des territoires?
L’Observatoire national des territoires est un outil de maîtrise de l’information territoriale pour une plus grande synergie et efficience dans la planification locale, la conception, la réalisation, le contrôle, le suivi et l’évaluation des actions, projets et programmes. Il a pour rôle d’aider à la prise de décision au service de la politique de décentralisation et de développement local, et aussi de promouvoir la bonne gouvernance en matière de décentralisation et de développement local au Sénégal. L’Ont est également un instrument de communication qui permet, selon une périodicité déterminée, de présenter les résultats ou les effets des actions menées dans le cadre de la politique globale. Ainsi, avec l’Ont, nous collectons l’information des collectivités locales et celle relative à la mise en œuvre de la politique de décentralisation et de développement local. Nous en assurons aussi le traitement, l’analyse, le partage et la diffusion à travers sa plateforme Sig et Géo portail. Nous assurons le suivi et l’évaluation des fonds de transfert et de l’utilisation des projets, programmes et politiques de développement local.
Quelle est la finalité de toutes ces actions ?
L’objectif est de contribuer à l’instauration de la culture de redevabilité et à la promotion de la bonne gouvernance dans toutes les collectivités locales, à travers la remontée de données dans la plateforme, la construction et la mise en œuvre de l’indice de développement local. Il est important de rappeler que l’Ont a été mis en place pour répondre à un souci. Il s’agit d’accompagner la mise en œuvre du Pse et de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation pour mettre fin à certaines difficultés et contraintes auxquelles sont confrontées l’Etat, les collectivités territoriales et les partenaires au développement, dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Malgré tout, ils subsistent quelques difficultés…
Oui c’est certain qu’il existe des écueils. Les difficultés sont nombreuses et variées et se situent tant au plan technique qu’organisationnel. En effet, il est noté l’absence de certaines données et indicateurs des services sociaux de base dans les communes, anciennes communautés rurales. Ainsi, la collecte de ces données s’impose et l’identification d’indicateurs désagrégés est nécessaire pour accompagner les processus de planification locale des communes. Concernant certains données et indicateurs de gouvernance territoriale, il faut les identifier et les renseigner. Ce travail, entamé depuis 2015, a pris beaucoup de temps pour stabiliser tous les indicateurs pertinents. A ces problèmes s’ajoute le faible niveau technique de certains points focaux. En effet, l’objectif des différents ateliers et missions de suivi réalisés visait le renforcement des compétences des points focaux identifiés, la validation de la stratégie de collecte de saisie des données, l’identification et la stabilisation des domaines, sous-domaines et indicateurs retenus, ainsi que la plateforme Sig et Géo portail de l’observatoire. L’appropriation de ces aspects a pris du temps, cependant elle constitue un bon indicateur de pérennisation de la plateforme. Mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui l’ensemble des acteurs adhèrent au projet, au niveau institutionnel comme à la base. Le ministre est très bien impliqué dans le processus et nous a témoigné son entière adhésion.
Le pôle Casamance est choisi comme zone d’expérimentation, à quand l’extension ?
Dans le cadre de la démarche de mise en place de l’Ont, le Pôle Casamance a été choisi pour rester en phase avec les orientations du président de la République et accompagner l’Acte 3 de la décentralisation. Cette phase pilote, d’une durée de deux ans (2017-2018), devra être évaluée en vue de prendre en charge d’éventuelles modifications et améliorations de l’outil ainsi que de la démarche à suivre pour son extension à partir de 2019.
Est-ce que vous avez des moyens techniques et financiers pour une bonne mise en œuvre de l'Observatoire ?
L’Ont ambitionne d’être un grand projet national de par son architecture, ses objectifs et résultats attendus. A ce titre, le coût global du projet, pour la couverture des 559 collectivités territoriales, est évalué à près de 6 milliards de FCfa. Il reste entendu que les moyens humains et techniques déjà mobilisés par l’Adl restent encore insuffisants. L’agence a recruté, entre 2014 et 2015, un directeur en charge de l’Ont et trois spécialistes des questions de systèmes d’information, notamment en géomatique, informatique et économie. Les moyens matériels et financiers mobilisés annuellement par l’Adl sont issus de son propre budget de fonctionnement et d’investissement qui demeurent faibles au vu des ambitions fixées. Une stratégie de mobilisation de ressources additionnelles est en cours auprès de certains partenaires techniques et financiers comme l’Unicef avec qui nous sommes en train de prendre en charge la collecte des données pour renseigner les indicateurs des collectivités locales. Il s’agit des Amies des Enfants (Clae) dans les régions de Kolda et de Sédhiou. Cette mobilisation va se poursuivre avec d’autres partenaires tels que le Programme Gold de l’Usaid, la Sodagri et le Ppdc… Une table ronde est envisagée avec les autres partenaires de la décentralisation et du développement local.
Quel est le rôle de l'Observatoire dans la mise en œuvre de l'Acte 3 de la décentralisation ?
Avec l’Observatoire national des territoires, deux objectifs majeurs sont visés : il s’agit de la maîtrise de l’information territoriale et de la mise en place, entre les parties prenantes, d’une plateforme d’échange, de surveillance et de consultation des informations traitées. La réalisation de tels objectifs constitue une réponse à l’Acte 3 de la décentralisation, notamment en ce qui concerne la gouvernance locale dans les collectivités, la promotion de la participation citoyenne à travers la reddition des comptes.